Ce récit permettra peut-être de mieux aider les animaux errants, je l’espère.

Attention : histoire triste.

Voilà que faire quand on trouve animal errant : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32338

Voilà que faire si on a perdu son animal : listes selon la SPA

Plusieurs jours de suite, je vois un petit chat noir et blanc, contre l’abri bus en bois de mon village. En m’approchant, je constate qu’il est extrêmement maigre et pas sociable : il grogne puis part en courant.

Je me sens le devoir d’aider ce petit être : déjà en retrouvant ses maitres.

Le temps m’est compté : déjà car en montagne les températures baissent vite en ce mois de novembre, les chiens en divagation tueurs de chats sont nombreux et on n’est jamais à l’abri de chasseurs mal intentionnés ou d’accident de la route.

Je publie un post sur le Facebook de la commune : aucun villageois ne le connait, je publie une annonce sur le site de référence pour les animaux perdus, trouvés, vus : Petalerte , toujours rien.

J’apporte chaque jour à manger à cette minette, des croquettes humidifiées, tièdes, et de l’eau.

3 solutions : appeler la fourrière (je n’en avais pas le cœur), contacter une association (pas dans le secteur), l’adopter : mon objectif.

Pendant plusieurs jours, elle va me souffler dessus à ma venue, moi qui reste accroupie à distance en parlant calmement. Et puis un jour, je n’apporte que de l’eau et je la sens déçue. Je reviens quelques minutes plus tard avec sa nourriture et là, je la vois venir amicalement.

Les jours d’après, c’est la grande fête, câlin, dos frotté contre moi. Dur de décrire la joie de voir ce petit tas de poils devenir un amour après avoir été une tigresse.

Neige. Le début du stress pour moi, j’ai peur qu’elle ne tienne pas. J’achète tout le matériel pour son confort : caisse de transport, litière etc (60€). J’arrive à l’attraper sans la traumatiser, je le garde chez moi mais en évitant les contacts un maximum sans gants car ce chat pourrait transmettre des parasites. C’est frustrant, mais j’ai rdv le lendemain matin chez le véto pour soins et stérilisation. En faisant la demande à ma mairie, j’obtiens un bon de stérilisation pour chat errant. Je me dis que tout va bien dans le meilleur des mondes ! Cela signifie que c’est la mairie qui finance la stérilisation vu que le chat est errant !

Lire les préconisations en cas de morsures de chat-chien ici.

Le fait de la voir se frotter à moi, miauler avec attachement, boire à la pipette que je lui propose me font complètement oublier qu’au départ je lui donnais peu de temps à vivre vu son état. Je me vois déjà organiser la maison pour elle, mon emploi du temps. Je n’avais pas du tout prévu de prendre un chat, mais là c’est un cadeau du ciel. Mon conjoint et ma chienne aussi s’y attachent en la voyant avec ses grands yeux verts qui nous regarde avec curiosité et amour, ronronnant sur mes genoux, juste avant le vétérinaire. Je lui choisis le joli prénom de Haya, qui veut dire vie en arabe. Je veux que cela lui porte chance.

Je présente la petite minette au vétérinaire, elle n’est pas identifiée, il pense, comme moi, qu’elle est jeune. Je la sens stressée, elle miaule sans son, c’est déchirant, je la caresse et la rassure de la voix, elle fait tout ce que je lui demande tellement elle est aimante. Le vétérinaire me l’emmène, je lui dis au loin de ne pas s’inquiéter. Je m’en souviendrai toute ma vie.

On part. 5 minutes plus tard, le vétérinaire appelle :

Il me dit qu’elle est très mal en point, très âgée, plus de reins fonctionnels, une anémie sévère, peut-être le sida du chat. Il me conseille très vivement de profiter de son endormissement pour l’euthanasier pour lui épargner des souffrances.

D’un point de vue médical et souffrance animale, le choix est évident. Le cerveau donne donc son accord.

Mais mon cœur n’était pas (du tout) capable de l’entendre. Il ne l’est toujours pas d’ailleurs. On est effondré. La douleur est aussi vive que si javais connu ce chat pendant 20 ans.

En pleur je vais payer le vétérinaire. Double injustice et effondrement : on me demande 260 euros. Car le bon de stérilisation de la mairie n’est pas valable pour l’euthanasie d’un chat errant. (ce que la mairie me confirmera comme une grande injuste bien réelle)

J’ai dépensé toute mon énergie à sauver un pauvre chat qui n’appartient à personne, j’ai investi toute mon affection, et voilà qu’en récompense d’un acte citoyen et généreux, je paye plein tarif.

La faute à personne. Le véto a fait son travail et cela a un coût. La mairie a des ordres au dessus, il y a eu des abus en France, de personnes mal intentionnées avec les « bons » pour chats errants donc cela retombe sur moi, personne honnête.

La plus grosse douleur n’est pas dans le portefeuille mais dans le cœur. Haya c’est une partie de moi qui part, qui me rappelle mes échecs, ma maladie chronique (j’ai investi toute mon énergie, déjà pas haute pour elle), mes poisses sans fins, et beaucoup d’autres choses plus profondes. Ce sentiment de l’avoir trahi aussi me restera toujours en travers de la gorge.

Apprivoiser un animal rend l’attachement très fort : beaucoup d’hormones sont en jeu, particulièrement l’ocytocine, hormone typique de l’attachement parent-enfant. Cette hormone qui rend heureux est particulièrement secrétée en cas d’échange de regard animal-humain. Sans parler de la sérotonine que l’on sécrète quand il ronronne. Effondrés, je tente de reporter mon attention sur ma chienne.

La vie est courte, et on ne sait jamais quand elle s’arrête, pour les animaux aussi. Alors même si la douleur est intense, quand on perd un animal, on doit penser à la belle vie qu’il a eu et libérer son esprit pour accepter d’adopter un autre animal, s’il s’en présente. Il y a trop de petites âmes abandonnées en refuges ou dans la nature pour rester bloqués sur un deuil.

Pas facile, non.

C’était mon message, donc. Si vous voyez un animal errant, prenez des photos, signalez-le à la mairie ou à des associations.

Et enfin, tentez au maximum d’adopter des animaux en refuge plutôt qu’en élevage, sincèrement, il y a trop de souffrance et d’amour à donner chez ces êtres déçus des humains pour ne pas leur donner une chance.

Image Pixabay la dernière.

La première photo dans l’article est bien Haya, j’ai eu du mal à la mettre dans l’article tellement cela me met une boule dans la gorge. Que cet article soit un hommage à elle.